Trois interprètes explorent en mode bêtes de scène un « état zombie» des corps, des voix, du temps, de l’espace. Un spectacle chorégraphique paranormal qui augmente le spectre de nos perceptions esthétiques.
Avec République Zombie, vous serez confronté à l’état zombie, au sens d’un engourdissement du temps, des corps, du monde entier. Le zombie est double, victime aliénée et oppresseur condensés dans un même corps. Il erre, sans frontière ni géographie. Lent, sans but, il est une menace qui gagne toujours du terrain, parfois saisi de convulsions. À la manière d’un masque Sumérien, il est pétrifié, ni mort ni vivant, dépossédé. Un corps dissocié dont la maladie est une danse.
Photo © Festival Parallèle — Margaux Vendassi
République Zombie est une pièce pour interroger, exacerber un état zombie, au sens d’un « engourdissement du temps, de l’action, du monde entier » (R. Barthes), et performer nos stratégies de réveil, de mise en alerte. C’est un projet chorégraphique et musical qui prend pour point de départ la figure du zombie et s’intéresse à travers elle aux phénomènes de dissociation, de disparition et de présence.
La dissociation comme langage chorégraphique et musical des corps zombis, comme symptôme de nos temps modernes capitalistes, de nos aliénations, de notre relation aux traumas, de nos corps démembrés, de nos affects coupés.
Quel langage du monde en décomposition, de la civilisation malade? Comment vivre avec nos états disloqués, leur faire place, s’éprouver vivants parmi eux?
La pièce s’appuie sur une recherche autour de la figure du zombie, qui nous parle de ce que nous ne voulons pas voir, de l’ob.scène (ce qui est hors de la scène et suscite l’effroi). Au delà de l’imaginaire populaire que cette figure évoque à travers les films de genre, je me suis intéressée à la métaphore sociale qu’elle pouvait convoquer.
Façonné par la violence coloniale, le zombie est une figure double, à la fois grotesque et terrifiante, incarnation d’une somme de peurs. Le zombie est la victime aliénée et l’agresseur, condensés dans un même corps. Il est un corps errant, qui crée une forme de chaos organisé à l’intérieur et à l’extérieur de lui. Il annule les frontières, les géographies. Il est une menace qui gagne toujours du terrain. Il est lent et n’a pas de but, mais il est parfois saisi de convulsions, d’actions répétitives, de pulsions cannibales, de retroussements, qu’il ne s’explique pas. À la manière d’un masque Sumérien, il est pétrifié, ni mort ni vivant, dépossédé. Un corps dissocié, aliéné, dont la maladie est une danse.
L’écriture chorégraphique et musicale s’appuie sur un travail de dissociation entre la partition de la voix et celle du corps, provoquant une disjonction entre ce que nous voyons et ce que nous entendons. Les chants et les danses surgissent comme des percées, des cris, des convulsions. La pièce est nourrie d’un travail autour des chants saturés et des chants de gorge, dont la fonction traditionnelle est souvent de créer une zone de passage, un pont entre le visible et l’invisible, les morts et les vivants, le rationnel et le magique.
Nina Santes fait ses débuts sur scène en tant que marionnettiste.
Depuis 2008 elle a collaboré en tant qu’interprète avec Mylène Benoit, Myriam Gourfink, Catherine Contour, Pascal Rambert, Kevin Jean, Olivier Normand, Laurence Pagès, Hélène Cathala, Perrine Valli, Éléonore Didier, Philippe Grandrieux, Herman Diephuis, Emmanuel Eggermont…
Elle est l’auteure de pièces chorégraphiques et musicales, dont Désastre (2012), en collaboration avec le compositeur Kasper Toeplitz, Transmorphonema, un duo avec le chorégraphe Daniel Linehan (Vif du Sujet SACD 2014), et Self made man (2015). En mars 2016, elle co-signe un duo en collaboration avec Célia Gondol : A leaf. Le duo est recréé pour le Festival d’Avignon en 2019. En 2018, elle crée Hymen Hymne, création chorégraphique et musicale pour 5 interprètes. La même année, elle reçoit le Prix SACD Nouveau Talent Chorégraphique. En 2020, elle crée République Zombie, création pour trois interprètes. Elle crée également CLOSE, une performance sonore et chorégraphique pour la voix d’un enfant et un groupe de chanteur.se.s traditionnel.les, pour le MIR Festival – Athènes.
Elle est artiste associée à l’Atelier de Paris CDCN de 2019 à 2021.
L’approche artistique de Nina Santes est profondément transdisciplinaire. En émerge un langage chorégraphique articulant le geste avec des pratiques multiples, comme la parole, le chant, la musique, la relation à la matière et aux objets. Ses projets sont pensés comme des espaces alternatifs offrant la possibilité dʼune expérience de transformation – des affects, des idées. Un déplacement du regard et de la perception. À travers des dispositifs immersifs pour le spectateur, elle explore la relation entre lʼindividu et son environnement, entre le temps du travail et celui de la contemplation, entre lʼexpérience du réel et le jaillissement de la fiction. Lʼapproche artistique de Nina Santes sʼintéresse tout particulièrement à la notion de potentialité – dʼun corps, dʼun individu, dʼun groupe – et sʼappuie sur une philosophie de lʼautodidaxie. Apprendre en faisant, dé-hiérarchiser et faire circuler les savoirs et les pratiques, construire d’autres formes de puissance individuelle et collective.
Conception, chorégraphie, composition musicale : Nina Santes
Création et interprétation : Betty Tchomanga, Soa de Muse, Olivier Normand (recherche et création), Nina Santes
Collaboratrice dramaturgie : Lynda Rahal
Création lumière : Annie Leuridan
Création et régie son : Nicolas Martz, Clément Bocquillon
Scénographie et conception costumes : Pauline Brun
Réalisation costumes : Gabrielle Marty
Assistant construction Scénographie : Antonin Hako
Recherche et création vocale : en collaboration avec Jean-Baptiste Veyret-Logerias, Roberto Moura, Emilie Domergue
Régie générale : Beatriz Kaysel
Stagiaires : Félix Philippe (son), Louise Rustan (lumières) et Elie Fonfrède (danseur) Production et administration | La Fronde – Léa Turner et Alice Marrey
Coproduction : CDCN Atelier de Paris, Centre Chorégraphique National Rillieux-la-Pape, Centre Chorégraphique National de Tours, Centre Chorégraphique National d’Orléans, Centre Chorégraphique National de Grenoble, Théâtre National de Chaillot dans le cadre de Chaillot-Fabrique. Nina Santes est artiste associée au CDCN Atelier de Paris, dans le cadre du dispositif soutenu par le Ministère de la Culture et de la Communication
Soutiens : DRAC Ile-de-France, Région Ile-de-France | Remerciements aux SUBS Lyon pour l’accueil en résidence et Quartz Scène nationale de Brest pour le prêt de studio, L’Echangeur CDCN Hauts-de-France pour la mise à disposition du plateau dans le cadre de Studio-Libre, au Festival Parallèle et à la Chorale de La Cloche Sud pour sa participation, au Festival Antigel (CH) et à l’association Antidote. En hommage à Maeva Santes.