"EST" de E.Savitzkaya
Hélène Mathon
Cie La Langue Ecarlate
Théâtre / Concert - Poésie sonore
9, 10, 11 octobre 2009
Ven 21h15, sam 20h30, dim 17h
Êtes-vous ? Êtes-vous mortels ? Comment êtes-vous mortels ? Êtes-vous mortels à jamais ? ’’Est’’ d’Eugène Savitzkaya est un texte composé de 925 questions, choeur des interrogations qui peuvent fonder le monde. Pour ce texte, Hélène Mathon et l’équipe de La Langue Écarlate inventent une mise en scène avec quatre musiciens, une comédienne et dix comédiens amateurs de tous horizons et de tous âges. Partageant avec le public un seul et même espace où s’abolissent les frontières de la représentation, ils développent en direct chaque soir le tracé inédit d’une partition sonore et sollicitent chacun d’entre nous dans son rapport au monde. Utilisant des voix, des instruments, des sons, ils mettent en scène le vacillement du monde tel qu’ils le perçoivent.
Avec une grande simplicité, ils réunissent les peurs, les corps et les questions pour inviter le spectateur à faire surgir, peut-être, quelques réponses.
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Résidence : du 18 septembre au 11 octobre 09
Comment qualifier le texte sur lequel vous allez travailler ?
Hélène Mathon : C’est une suite de 925 questions, un texte non narratif, c’est à l’auditeur de tisser les fils entre les questions. Ce qui m’intéresse dans cette forme c’est qu’il s’agit d’une suite qui pourrait avoir débuté avant le début du spectacle et continuer après. D’autre part, l’écriture de Eugène Savitzkaya est très musicale. Elle procède autant du sens que du son et c’est précisément par le biais du son que nous souhaitons que le public pénètre dans ce texte.
Ce travail sera aussi une pièce musicale, comment se constituera-telle ?
Le travail musical est composé collectivement par les musiciens et les acteurs-amateurs avec lesquels je travaille. Nous allons poser les jalons d’une structure qui restera fragile et inédite à chaque fois. L’idée est celle d’un "cinéma pour l’oreille", autrement dit d’un parcours sonore qui accompagne et prolonge les mots en sollicitant l’auditeur par le biais du sensible.
Vous définissez cette pièce comme une performance, vous quittez le monde du théâtre ?
De plus en plus. J’ai l’impression d’être dans un endroit moins cloisonné, moins prisonnier de son héritage que celui du théâtre. Peut-être est-ce un leurre mais je m’y sens aussi plus libre, peut-être parce que j’accepte d’y être plus fragile.
La performance, dont l’identité est sans cesse à réinventer, me permet d’ouvrir plus grand les champs de l’imaginaire et de me débarrasser des codes de la représentation. Je crois que cela me correspond tout simplement mieux.
Volontairement vous créez une forme très instable, incertaine...
Oui, c’est un sentiment intime que j’éprouve et avec lequel j’ai envie de travailler. Je me rends compte que j’ai peu de certitudes sur ce qu’il conviendrait de raconter aujourd’hui, si même il est utile de continuer à raconter quoi que ce soit... Je suis essentiellement animée par une envie de créer les conditions d’un "être ensemble", de fabriquer des moments de mise en commun, de traversées singulières d’un réel commun, au cours desquelles le public serait libre de réagir. Concrètement, cela signifie que certains vont peut-être sortir, d’autres parler, d’autres s’endormir, je ne sais pas. C’est un risque nécessaire parce que, profondément, c’est un risque de vie.
Le risque de vie, c’est se poser ensemble des questions qui n’ont pas de réponse ?
Les questions sont collectives, seules les réponses sont individuelles. Le risque de vie, c’est reconnaître que les questions sont constitutives de notre existence. Il y a là sujet à vertige et si nous ne pouvons apporter de réponse nous pouvons en revanche inventer les conditions de partage du vertige.
Quelle place pour le spectateur, ne serait-ce que physiquement ?
Le spectateur partage l’espace avec nous, il peut aller et venir, il peut s’asseoir, se lever ou se coucher ; occuper la position corporelle la plus propice à son écoute et à son état du moment. Il sort ainsi de son assignation de "spectateur" justement : c’est à un être humain, à un individu singulier que nous nous adressons. Je crois que lorsqu’on sort de l’assignation, on commence à retrouver du mouvement, le mouvement de la pensée en premier lieu. Il me semble que cela peut permettre à chacun de trouver dans cette proposition des échos à ses propres questions, à sa manière personnelle de vivre l’incertitude et ainsi des éléments pour l’affronter. Nous avons le désir de partager le début d’un chemin où les choses pourraient bouger.
Parcours
La Langue Écarlate est un groupe transdisciplinaire à vocation artistique à l’initiative d’Hélène Mathon et Catherine Briault, à l’occasion du spectacle ’’Les Restent’’ (présenté aux Subsistances en mars 2006 lors du Week_End Ça Compte !). La Langue Écarlate cherche à inscrire la recherche artistique dans le champ du réel afin de renouer avec les préoccupations du monde. Les formes utilisées pour mener à bien ce travail s’étendent du spectacle vivant à l’installation ou au film, sans restriction de nature. Hélène Mathon a créé ’’Don Quixote, which was a dream’’ lors des Intranquilles 2007.
Distribution
Mise en scène : Hélène Mathon.
Composition musicale : Cédric Leboeuf, Pierre Fruchard, Le Quan Ninh, Thomas Turine.
Guitares : Cédric Leboeuf & Pierre Fruchard.
Percussions : Le Quan Ninh.
Son : Thomas Turine. Lumière, images et vidéo : Sylvie Garot.
Régie générale : Léandre Garcia la Molla.
Mentions
Production / diffusion : Florence Bourgeon, Alice Normand.
Production : Cie la Langue Écarlate.
Coproduction et résidence : Les Subsistances / Lyon / France.
Tarif
5€
Durée
1h40