"ONE SHARED ONJECT PROFIT AND LOSS"
Martine Pisani (F) & Martin Nachbar (D)
Danse
9, 10, 11 octobre 2009
Ven 22h45, sam 22h, dim 17h45
1ère en France !
’’one shared object PROFIT AND LOSS’’ est l’aboutissement d’une collaboration entre les chorégraphes Martine Pisani et Martin Nachbar. Ils souhaitaient co-signer une pièce pour mettre en jeu les différences de langages chorégraphiques mais aussi les partages et les complicités. Sur le plateau, six danseurs marchent, dansent, suivent certaines voies ou règles, convergent, parfois divergent. Une pièce où deux voix et six interprètes s’entrelacent pour constituer un ’’objet (rêvé) partagé’’ ; un objet étrange et léger.
Voir la feuille de salle (pdf/76ko)
Résidence : 11 au 18 mai 2009
Comment est née l’idée de cette pièce ?
Martine Pisani : L’idée de cette collaboration est née du désir de partager un territoire où je ne serais pas seule à décider, de la nouveauté d’une telle situation dans mon parcours, du besoin de sortir d’un schéma habituel quant à la production d’un spectacle, de travailler avec des interprètes que je n’ai pas tous choisis, d’un goût commun avec Martin pour le jeu.
Ce projet fait partie de Running times, un cycle de travaux sur la thématique du temps que j’ai démarré en 2007 et dans lequel j’ai envisagé la création de plusieurs formes au gré des occasions qui se présenteraient, dans des formats et des géographies à chaque fois singuliers.
Je me suis demandé sous quel angle j’aimerais aborder un travail de danse avec Martin.
Le motif de la perte, intimement liée au temps et au changement, est apparu comme une évidence à l’endroit où je me trouvais dans les travaux de Running times. La perte parce qu’elle est liée au temps, parce que j’avais besoin que les choses m’échappent…
Nous sommes donc tombés d’accord sur le sujet de perte et transformation, sur la présence d’un "kaïros" sur scène, sur le fait d’inviter chacun trois danseurs et sur une tactique basée sur des jeux pour pouvoir travailler ensemble.
Martin Nachbar : En fait, on n’a pas commencé par un sujet, mais simplement par l’idée de collaborer.
En 2005, j’ai eu une bourse de chorégraphie de la ville de ma naissance.
J’ai décidé de passer quelques mois avec Martine. À cette époque, elle était en train de finir "Contre Bande" et commençait la création de "Hors sujet ou le bel ici".
J’ai aidé comme assistant, dramaturge, professeur de mouvement pour les amateurs, opérateur/performer des sous-titres.
C’est là que Martine et moi avons remarqué qu’on aimait bien une approche à la danse ludique et parfois absurde, et on s’est dit que ça pourrait être intéressant de collaborer une fois.
Puis, en 2008, Martine m’a proposé de travailler ensemble sur l’idée de la perte qui donne la possibilité pour le nouveau, proposition que j’ai adaptée à mes intérêts pour la transformation.
Quel est l’enjeu chorégraphique de cette double signature ?
Martine Pisani : Dit rapidement, l’enjeu a été de trouver les stratégies pour arriver à une seule et même chose en étant deux …
Nous avons postulé que chacun était responsable de ce qu’il produirait.
Au début, nous avons entre autre joué au jeu du cadavre exquis avec cette idée de perte/transformation pour trouver des matériaux.
On se trouvait devant des fins de mouvements à compléter. Ça a produit des morceaux Nachbar et des morceaux Pisani, spontanés et parfois improbables car il fallait réagir vite.
Mais que faire avec tous ces morceaux ? Comment arriver à un tout cohérent, lisible, qui ne soit pas une soupe chorégraphique, qui respecte l’intuition de chacun.
De là est venue l’idée d’élaborer chacun son "histoire" avec ses propres matériaux.
Les interprètes exposent les deux histoires au début de la pièce et on a peu à peu constitué une "histoire commune" en fusionnant certaines situations. Au fil de la pièce, les interprètes et les matériaux se mélangent de plus en plus. Mais on n’a pas mélangé nos façons de travailler le mouvement, chacun a eu sa façon d’en parler pour nourrir la structure.
Martin Nachbar : Dans mes collaborations jusqu’à présent (avec Thomas Plischke, Alice Chauchat, Jochen Roller et al.), l’enjeu était d’abandonner sa propre signature aussitôt que possible pour n’arriver qu’à une signature mélangé.
Donc pour moi, l’enjeu d’une double signature est qu’on essaie de respecter les différences entre les deux façons de travailler et d’écrire aussi loin que possible pour arriver ensemble à une double signature, ce qui permet d’alterner, dans la pièce des parties plutôt "Martine" , "Martin" et "Martin/e“.
Qu’est-ce que cette expérience de partage de grammaire chorégraphique propose selon vous aux spectateurs ?
Martine Pisani : Si le spectateur ne sait pas qu’il y a deux chorégraphes, je crois qu’il ne voit qu’une seule chose, d’autant que nos styles ne sont pas très éloignés, même si nos chemins et modalités de travail sont très différents.
Et puis la pièce ne dit pas "ça c’est du Nachbar et ça c’est du Pisani". Le souci a été de proposer une structure qui expose notre rencontre.
Pour répondre à cette question, j’aurais besoin de plus expérimenter le temps partagé avec les spectateurs
Martin Nachbar : Selon moi, ce qu’on propose est l’idée qu’une création n’est jamais faite par une personne, l’artiste génial, et n’est jamais parfaite dans le sens qu’on arrive à une forme finale.
Il y a plutôt un bricolage constant autour des structures, ou bien autour des grammaires chorégraphiques partagées.
Quelles ont été les surprises et les difficultés de l’élaboration de ce travail ?
Martine Pisani : Le décalage temporel a été difficile à vivre à cause de priorités parfois divergentes, avec la déception de ne pas être sur la même longueur d’onde ou dans la même vitesse.
Difficile aussi de ne pas toujours avoir travaillé au même moment ni au même endroit à cause de l’incompatibilité des calendriers.
Il y a eu aussi du décalage dans ce que l’on peut investir derrière le même mot, ça a pu générer des malentendus plus ou moins marrants, en tout cas ça nous a poussé à creuser nos intentions.
J’ai eu beaucoup de plaisir à découvrir les interprètes, eux-mêmes vivant une situation un peu schizophrénique, ayant à se débrouiller avec deux langues, deux langages, deux histoires.
Plaisir de sentir l’envie de toute l’équipe, quand cette collaboration se traduisait dans les corps, le son et la lumière et générait de l’inattendu pour chacun.
Et puis la présence du "kaïros" qui construit le paysage de la pièce avec des bouts de ficelle, un paysage chaque fois différent comme celui de toute l’équipe en continuel devenir comme dirait Bergson.
Martin Nachbar : Pour moi, une des grandes difficultés a été la question de comment se réunir pour trouver ensemble des solutions. Quand on essaie de garder les identités chorégraphiques, il est nécessaire de garder séparés les deux "espaces créatifs“.
Mais pour arriver à une pièce il faut aussi se réunir dans le même espace.
Un équilibre fin et complexe à gérer...
Une belle expérience a été le travail avec tout l’équipe. Chacun n’a pas seulement contribué à la pièce, mais surtout au processus et au caractère collaboratif de ce projet.
Parcours
Martine Pisani fonde en 1982 sa compagnie et crée plusieurs pièces notamment : ’’sans’’ (2000), ’’Slow down’’ (2002), ’’Bande à part’’ (2004, présenté aux Subsistances), ’’Hors sujet ou le bel ici’’ (2007), ’’Road Along Untitled Moments’’ (2007) et ’’Blink’’ (2008). Ses trois dernières créations font partie de ’’Running times’’, un cycle de travaux axés sur la thématique du temps qu’elle attaque sous différentes formes et formats. Dans le cadre de ce cycle, elle prépare ’’As far as the eye can hear’’, une performance en plein air sur l’image du temps qui sera créée en 2010.
Martin Nachbar, danseur et chorégraphe berlinois, a travaillé en tant qu’assistant, dramaturge, interprète, aux côtés de Thomas Plischke, Vera Mantero, Les Ballets C. de la B., Meg Stuart, Carlos Pez... Il a chorégraphié le trio ’’Looking for Johnny’’, le solo ’’Iller’’ pour le Festival Schillertage à Mannheim et ’’Repeater’’, un duo avec son père, un commerçant à la retraite. En 2008, il crée le solo de ’’Urheben / Aufheben (UA)’’ sur la reconstruction du cycle de danse ’’Affectos Humanos’’ de Dore Hoyer (1911-1967), une des représentantes les plus importantes du ’’Ausdruckstanz’’ allemand.
Distribution
Conception : Martin Nachbar & Martine Pisani.
Interprètes : Hermann Heisig, Eduard Mont de Palol, Elise Olhandéguy, Denis Robert, Lola Rubio, Litó Walkey.
Kairos ou pertubateur de temps : Theo Kooijman. Lumière : Bruno Pocheron. Son : Gaëtan Bulourde. Costumière : Michèle Paldacci. Administration : Susanne Beyer & Lien Juttet.
Production : Martin Nachbar et Cie Martine Pisani.
Production : Martin Nachbar et Cie Martine Pisani.
Mentions
Résidence & coproduction : Les Subsistances / Lyon / France.
Coproduction : ARCADI, Action régionale pour la création artistique et la diffusion en Ile-de-France, Centre chorégraphique national de Montpellier Languedoc Roussillon (Avec le soutien de Jardin d’Europe / programme de l’Union Européenne), espace des Arts Scène nationale de Chalonsur-Saône, fabrik/Potsdam, Sophiensaele/Berlin.
En partenariat avec : La Ménagerie de Verre (studiolabs) Paris - Tanzfabrik Berlin.
Avec le soutien de : Hauptstadtkulturfonds Berlin - Bureau du Théâtre et de la Danse à Berlin - Goethe Institut Lyon.
La Cie Martine Pisani est subventionnée au titre de l’Aide à la compagnie par le ministère de la Culture-DRAC Ile-de-France.
Tarif
5€
Durée
50 min