Théâtre
Voler le feu – anatomie de transition #2
Jenny Victoire Charreton / Collectif Offense
Une princesse tout de rose vêtue vola le feu et s’enfuit des Enfers ! C’est ainsi que Jenny Victoire Charreton s’empare de Prométhée pour réinventer le mythe en une odyssée queer sur la transition de genre à travers musique, dessins et théâtre d’objet. Aux côtés de Daphné Demaison, elle crée un univers poétique, inclusif et hallucinatoire, en LSF et français.
Comment vivre dans un monde où la transphobie tue ? Telle est la question centrale de ce spectacle pluridisciplinaire qui s’inscrit dans le cadre du FACT, festival destiné à favoriser la visibilité des œuvres portées par des artistes trans. Dans un dispositif multimédia associant illustrations, marionnettes sur table, signes et théâtre d’objet, le tout filmé et retransmis en direct, Jenny Victoire Charreton a fait appel à la performeuse, modéliste et céramiste Daphné Demaison avec qui elle déploie un univers inclusif, poétique et hallucinatoire. Une expérience plastique, audiovisuelle et performative bilingue français / LSF.
Biographies
Jenny Victoire Charreton est musicienne, régisseuse, performeuse. Elle compose, elle règle, elle hurle parfois dans les micros. Toujours dans l’interstice entre technique et création, entre structure et débordement.
Elle fait sonner le CIRQUE QUEER (Le premier artifice), pulse dans Il n’y a pas que les chat.tes qui ont 9 vies, accompagne les cris et les corps de la Cie Dans le Ventre (Plutôt Vomir Que Faillir, mise en scène Rébecca Chaillon).
Son terrain de jeu : les festivals, les scènes en feu, les chapiteaux en furie, les backstages où tout prend sens.
En 2021, elle signe Dans Mon Dessin – Anatomie de transition : performance polymorphe, entre musique, vidéo, marionnettes et dessin. Un geste de survie devenu langage. Elle performe aussi avec le collectif offense, dans une recherche indisciplinaire et radicalement vivante.
Pour elle, créer c’est traverser, c’est politiser, c’est transformer.
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Le collectif offense est fondé en 2018 à Toulouse. Il réunit des artistes transdisciplinaire issue du cirque, du théâtre, de la musique, de la performance et de la littérature. Formé·es dans plusieurs écoles (ENSATT, Lido, CRR de Lyon) et au sein de milieux alternatifs, iels explorent la création collective comme un geste politique.
Leur travail se développe à travers le projet au long cours Anatomie du départ, consacré aux départs sans retour dans nos vies : deuils, transitions, exils, séparations, changements de cap. Iels crée des formes plurielles – performances, expositions, rituels – dans des lieux variés, avec des publics multiples.
Iels revendiquent une pratique ancrée, sensible et indisciplinée. Chaque projet est une tentative de créer des récits qui lui ressemblent, avec les formes les plus justes pour les incarner.
Note d’intention
Un dispositif pour survivre
Avec Dans Mon Dessin – anatomie de transition, j’ai créé un dispositif performatif grâce auquel j’ai trouvé comment m’adresser à un public, l’inviter dans ma tête, partager ma colère comme ma poésie.
Cette découverte a été tellement riche et enthousiasmante que j’ai le désir de reprendre le travail autour de ce dispositif pour l’emmener plus loin, l’assumer comme un processus de création et aboutir à de nouveaux procédés formels – avec plus de temps et de moyens.
Une urgence politique
Je veux encore parler de nos vécus trans.
La parole des personnes trans est plus que jamais capitale dans cette période de réaction globale. Si l’on parle de nous, c’est avant tout pour nous traîner dans la boue.
“Trans” est devenu un marronnier des journaux, un épouvantail effrayant, un danger pour les enfants, la famille, l’Homme, la Femme, et la civilisation tout entière.
Cette étiquette de menace qu’on nous colle sur le front justifie des violences :
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attaques contre les centres LGBTQIA+
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mise en danger de nos vies
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remise en cause de nos droits fondamentaux
SOS Homophobie alerte sur une augmentation de plus de 27 % des violences physiques envers les personnes trans en une seule année.
Avec l’arrivée prochaine des J.O., chaque jour révèle une nouvelle discipline qui nous est interdite. En France, des ministres anti-trans arrivent au pouvoir. Partout en Europe, des gouvernements d’extrême droite stigmatisent nos communautés et attisent la haine.
Un monde qui se referme
Ces dernières années, nous avons été témoins d’un recul mondial de nos droits :
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En Russie, les transitions de genre sont désormais interdites.
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Aux États-Unis, après l’abolition du droit à l’IVG, les lois anti-trans se sont multipliées.
En 2023, 179 lois restreignant l’accès aux soins pour les personnes trans ont été votées.
« Le transgendérisme doit être totalement éradiqué de la vie publique. »
— Michael Knowles, Daily Wire
Ce climat de haine a des conséquences concrètes et tragiques : en 2023, 320 personnes trans ont été assassinées ou se sont suicidées à cause de leur identité de genre.
Une réponse artistique à la violence
Avec Dans Mon Dessin, j’ai réagi à ce mur de violence qui surgit lorsqu’on entame une transition.
J’ai tenté de répondre à cette question simple et vitale :
« Comment survivre un jour de plus ? »
Je me suis mise en scène, enfermée dans ma chambre, coupée d’un monde accablant, cherchant les moyens de ma propre survie.
Et j’ai trouvé ces moyens, grâce à la performance, à la rencontre avec le public, à l’émotion partagée autour du spectacle. J’ai trouvé comment vivre un jour de plus.
« Quand j’ai réalisé que c’était ce qui me concernait, que c’était ce qui parlait de moi (la transition),
j’étais terrorisée par un monde qui allait devenir extrêmement obscur. »
— Luz Volckmann, Dans Mon Dessin
« Je voulais tellement être entendu de tout le monde… parce que le seul moyen que ma douleur s’arrête,
c’était que quelqu’un voie suffisamment ma vie pour se dire : « hé, c’est une personne qui vit tout ça ». »
— Melvin Revlon, Dans Mon Dessin
Distribution & mentions
Texte : Luz Volckmann
Performeuse, compositrice et metteuse en scène : Jenny Victoire Charreton
Modéliste, céramiste et jeu adaptation LSF : Daphné Demaison
Créateur plastique : Mag Lévêque
Dramaturgie : Mag Lévêque, Luz Volckmann, Jenny Victoire Charreton
Régie son et vidéo : Franzie Rivère
Régie lumière et régie générale : Nils Renard
Production et diffusion : Clémentine Lévêque
Regards extérieurs : Noé Reboul, Maxime Grimardias
Coproductions : Théâtre de l’Élysée (Lyon) • Centre Chorégraphique National de Rennes et de Bretagne (Rennes) • L’Échangeur – CDCN Hauts de France (Château Thierry) • Le Manège – Scène Nationale de Reims
Participation financière du Périscope (Nîmes) pour la résidence à la Chartreuse (Villeneuve-les-Avignon)
Soutiens & accueil en résidence : Théâtre Jules Julien (Toulouse) • La Chartreuse (Villeneuve les Avignon) • Théâtre Halle Roublot (Paris)