Théâtre
Une Nuit blanche
Élina Kulikova
Artistes russes exilé·e·s en Europe, Elina Kulikova et le musicien-activiste Dima Efremov ont décidé de créer chaque année un spectacle sur la guerre en Ukraine tant qu’elle ne se termine pas… il s’agit déjà du troisième. Musique électro, récit personnel et engagement politique orchestrent une fête théâtrale vibrante et porteuse d’espoir.
Après l’éclatement de la guerre en Ukraine, l’exil et la persécution politique, Elina Kulikova et l’artiste et activiste Dima Efremov ont commencé à travailler sur une trilogie musicale. Un spectacle par an sera produit pendant toute la durée de la guerre… il s’agit déjà du troisième ! Sur scène, Dima Efremov mêle musique électro, récit personnel et engagement politique pour raconter une lutte invisible mais vitale contre la répression, portée par la danse, l’humour et l’espoir.
Biographie
Elina Kulikova travaille dans les arts de la scène, à la fois comme metteuse en scène, écrivaine et performeuse. Au cours des six dernières années, elle a travaillé en Russie, ou elle a été nominée pour des prix nationaux de théâtre, aux États-Unis, en Europe et en Amérique latine. Elle a étudié au Bard College of Liberal Arts (New York) et également à La Manufacture (Lausanne) en mise en scène.
Avant de fuir la Russie en février 2022, Elina s’intéressait déjà aux écritures queer russes et aux épistémologies féministes. Elle a quitté le pays dès le début de l’invasion en raison de sa position anti-guerre. Peu après, elle a été prise pour cible par une campagne de cyberharcèlement orchestrée par l’extrême droite, après avoir été désignée comme « traîtresse » dans une émission de propagande diffusée en prime time.
Elle vit et travaille en France depuis 2022. Le thème central de son théâtre et son écriture est la guerre en Ukraine, la violence de genre et la mémoire.
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Dima Efremov est artiste sonore, performer et artiste transdisciplinaire et activiste politique. Il a commencé sa pratique théâtrale lors de sa rencontre avec Elina Kulikova. Jusqu’en 2022, il a travaillé en Russie avec des théâtres tels que le Centre Meyerhold, le Centre Voznesensky, le Garage Museum et le festival artistique international Access Point. Il s’est plongé dans le théâtre queer en tant qu’homme ouvertement gay, ainsi que sur le thème de la répression et de la torture commises par l’État russe.
Il est également activement impliqué dans la défense des droits de l’homme, aidant les artistes en danger à quitter la Russie, la Biélorussie et l’Ukraine. Il est également cofondateur d’un projet d’aide aux personnes politiquement réprimées en Russie.
Note d’intention
UNE NUIT BLANCHE
Une prise de parole d’Elina Kulikova
« Une Nuit Blanche est née d’un besoin viscéral : celui de célébrer la vie alors même qu’elle est menacée. »
Cette performance est le dernier volet d’une trilogie que j’ai commencée après mon exil, quand la guerre en Ukraine a éclaté et que mon pays d’origine, la Russie, est devenu un lieu de silence imposé. Avec Dima Efremov, artiste et activiste, nous avons voulu répondre à la guerre par trois formes : le deuil, la mémoire… et enfin, la joie. Une joie indisciplinée. Une joie dangereuse.
Dans Une Nuit Blanche, nous parlons de résistance. Celle que l’on ne voit pas. Celle qui ne fait pas les gros titres, mais qui sauve des vies. Dima y incarne sa propre histoire : queer, né dans un petit village homophobe, il a fondé une organisation qui aide les prisonnier·es politiques à fuir la Russie. Chaque personne qu’il accompagne hors du système répressif est une victoire — fragile, mais concrète.
Ce spectacle, c’est une fête. Mais une fête armée. Armée de musique électronique, de récits réels, de textes projetés, de sueur et de lumière. Sur scène, Dima est DJ, performeur et survivant. Moi, je l’accompagne, comme on danse côte à côte dans une rave de fin du monde. À travers la techno, les mots et les corps, nous cherchons une forme de vérité — pas une vérité héroïque ou spectaculaire, mais une vérité douce et radicale : celle de continuer à vivre, à créer, à aider. Même au cœur du désastre.
C’est notre manière de dire non. De dire assez. De dire : « on est là ». Et de transformer la nuit en insomnie collective, en veille lucide, en fête qui résiste.
LA TRILOGIE DE LA GUERRE
Trois concerts manifestes. Trois récits d’une même déchirure.
Lorsque la guerre en Ukraine a commencé, ma vie a basculé. Comme beaucoup, j’ai fui. Mais ce que je fuyais n’était pas seulement une géographie — c’était une culture, un pouvoir, un système de pensée qui m’avait façonnée malgré moi.
C’est ainsi qu’est née La Trilogie de la Guerre, un projet processuel. Un spectacle par an. Trois formes musicales — classique, folklore, rave. Trois manières de parler de la guerre à la première personne. Trois façons de survivre à ce qu’on ne peut ni fuir, ni oublier.
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Un Champ Brûlé (2023) questionne les origines culturelles de la guerre : à travers les romances russes du XIXe et XXe siècle, nous interrogeons la « grande culture » russe et la violence impériale qu’elle dissimule. C’est une pièce sur la honte, le traumatisme, la fabrication de l’ennemi.
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Un Endroit Perdu (2024) plonge dans la mémoire, la catastrophe, les chants de deuil traditionnels. J’y suis seule sur scène, entourée d’odeurs, de larmes et de voix anciennes. C’est une tentative de comprendre : comment la violence extrême devient-elle possible, perpétuable, tolérable ?
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Une Nuit Blanche (2025) ferme la trilogie par un cri de joie, une danse furieuse. Car malgré la guerre, malgré l’exil, nous sommes encore là. À travers Dima, à travers la fête, à travers nos gestes de solidarité, nous construisons d’autres mondes. D’autres récits.
Cette trilogie est un manifeste. Elle ne propose pas de réponses. Elle crée des espaces pour les questions, les larmes, les corps en sueur, les révoltes minuscules. Elle transforme la guerre en théâtre. Elle transforme le théâtre en chant, en rituel, en acte de résistance.
Distribution & mentions
Conception : Elina Kulikova et Dima Efremov
Mise en scène : Elina Kulikova
Texte de : Elina Kulikova et Dima Efremov
Avec : Elina Kulikova et Dima Efremov
Création son : Dima Efremov
Scénographie, decor et construction : Martin Riewer, Thérèse Weibel
Chorégraphie : Yulia Arsen
Coaching vocal : Maya Novikova
Costumes : Elina Kulikova
Création lumière : Clovis Marchon
Vidéo et captation : Paul Mollin
Regard extérieur : Carolina Bianchi
Direction de production, tournées et communication : Tina Hollard
Production : Compagnie Champ Brûlé
Production déléguée : Sens Interdits
Avec le soutien de : La Manufacture Haute école des arts de la scène, Lausanne
Creation à La Manufacture, Lausanne , Création « immersive » au Festival Sens Interdits
Remerciements : Patrick Penot et l’équipe du festival Sens Interdits, Robert Cantarella, Joris Mathieu, Claire Chaize, Paul Mollin, Carolina Bianchi et Tatiana Frolova.)