Danse
Musique
Mbok’Elengi
Jolie Ngemi
Mbok’Elengi fait jaillir l’éclat d’un Congo vibrant, où la joie se fait arme de résistance contre les inégalités et les lourds héritages coloniaux. Porté par Jolie Ngemi et cinq danseur.euse.s, ce spectacle incarne un souffle puissant de fête, d’espoir et de révolte dansée, qui réveille les mémoires et les corps.
Mbok’Elengi est un terme populaire en lingala (utilisée comme langue de relation au Congo). Il traduit et célèbre une joie de vivre profondément ancrée dans les rues de Kinshasa. À travers cette création Jolie Ngemi revisite certaines danses congolaises, entre extase collective et énergie de résistance. Par la puissance des corps en mouvement, la pièce devient un manifeste contre les inégalités et les héritages coloniaux. Mbok’Elengi transforme la joie en acte politique, en cri lumineux venu du cœur du Congo.
+ Rokia Bamba (DJ set)
Avec ce DJ set vibrant, Rokia Bamba tisse un savant mélange de hip-hop groovy, de rythmes africains, de house percutante et de techno envoûtante — un véritable voyage sonore.
Biographie
Jolie Ngemi est une artiste multidisciplinaire, interprète de danse contemporaine et urbaine, chorégraphe et musicienne. Sa carrière débute en 2011 avec le solo Jolie, fruit d’une collaboration avec Ula Sickle et Yann Leguay, créé à Séoul, en Corée du Sud, puis présenté en tournée en Belgique, France, Hollande, Pologne et Autriche. L’année suivante, elle est invitée au New York Live Arts Festival pour représenter les femmes artistes.
En 2013, elle rejoint le programme de formation de P.A.R.T.S. à Bruxelles, où elle est remarquée par le chorégraphe Boris Charmatz. De leur rencontre naîtront deux pièces majeures : Danse de nuit, inspirée des attentats de Charlie Hebdo, et 10 000 gestes, présentées à travers l’Europe (France, Belgique, Royaume-Uni, Allemagne, Suisse).
En 2018, Jolie Ngemi crée son premier solo, Identity na ngayi, présenté à La Bâtie – Festival de Genève, puis à Bâle, Bruxelles et Utrecht. L’année suivante, elle multiplie les performances et workshops dans la région bruxelloise, notamment au Tictac Art Centre. En 2020, elle devient professeure à l’Académie d’Amsterdam et participe à la création Wakat de Serge Aymé Coulibaly.
Elle fonde par la suite AUC Production, ainsi que le Festival Bosangani, un festival international des arts de la scène dont la deuxième édition a eu lieu à Kinshasa en août 2022. Ce dernier a réuni artistes africains et européens autour de masterclasses, spectacles et tables rondes.
Note d’intention
Depuis l’âge de 16 ans, en tant que danseuse urbaine, traditionnelle et contemporaine, j’ai eu l’occasion de parcourir le monde, affrontant des persécutions et les limites imposées par les frontières, parmi bien d’autres défis. De ces expériences est née une promesse : ancrer mon travail dans une réflexion profonde sur la manière de repousser nos propres limites, mais aussi celles que nous impose notre environnement.
Vivant et travaillant en Europe, j’ai rapidement constaté un manque criant d’informations justes et nuancées sur mon pays. Les récits qui concernent le Congo – et plus largement l’Afrique – sont souvent biaisés, empreints de généralisations qui déforment la réalité. On parle beaucoup de guerres, de pauvreté, de misère, de violence. Et si ces problématiques existent bel et bien, elles ne résument pas l’essence de nos vies. Il y a aussi une immense joie de vivre, une chaleur humaine vibrante, un élan de solidarité quotidien, rarement représentés ici.
L’Afrique est encore trop souvent réduite à une vision macabre, présentée comme l’origine de toutes les maladies – Sida, malaria, Ebola… Pourtant, cette approche ne reflète pas la totalité de notre réalité. Dans Mbok’Elengi, j’appelle à un monde sans frontières. Je m’interroge sur la manière de revisiter la négritude, la tigritude, la béatitude ou encore la théorie spéculative noire. Comment penser depuis une perspective panafricaine pour déconstruire les stéréotypes, et imaginer une mission alternative : celle de représenter nos cultures et nos origines avec toute la beauté qu’elles portent en elles ?
Kinshasa, ma ville bien-aimée, ma Mbok’Elengi, est un kaléidoscope de sons, de musiques et de folies artistiques. Elle est souvent dissimulée sous un voile de pollution, un brouillard constant, lourd de l’odeur piquante du carburant brûlé. L’air est chargé, la chaleur parfois écrasante, et pourtant, ses habitant·e·s semblent toujours baignés dans une forme de joie et de résilience incroyable.
En tant que fille de Kinshasa, mon intention est de l’amener sur scène, de la faire vibrer à travers la narration, la scénographie et le mouvement. Pour cela, j’utilise notamment la musique congolaise, et plus précisément le Sebene. Cette danse, débridée et puissante, est une pulsation de positivité. Elle porte en elle une jeunesse intense, des ondulations parfois chargées d’érotisme, mais aussi toute une palette d’émotions : souffrance, labeur, espoir, cris de joie, détresse, et ce carpe diem viscéral qui palpite en nous.
Dans Mbok’Elengi, la danse devient un rituel sacré, une célébration vibrante. Chaque geste porte en lui la mémoire, la lutte, le souffle d’une ville qui refuse de s’éteindre. Ma ville, mon Kinshasa, est une source inépuisable d’inspiration et d’énergie. Je veux partager cette vibration avec le monde – une danse à la fois.
Aujourd’hui, je veux montrer une autre facette du Congo : un pays en mouvement perpétuel, un pays d’humour, de vitalité, un pays profondément communautaire, joyeux, collectif. Un pays vivant.
Jolie Ngemi
Distribution & mentions
Chorégraphie : Jolie Ngemi
Dramaturgie : Hannah Pfurtscheller
Interprétation : Guelord Vulu, Sephora Mutubulu Lesa, Donnel Bangusa Emwila, Isaac Mutashi Tshipema, Jolie Ngemi
Lumières : Édouard Hugli
Scénographie : Gaëlle Chérix
Musique : Rokia Bamba & Yekima de Bel Art
Costumes : Jolie Ngemi
Production exécutive : Le Voisin Productions
Diffusion : Jérôme Pique
Production : Cie AUC
Coproductions :
Arsenic – Centre d’art scénique contemporain, STUK – Arts Center vzw, HAU Hebbel am Ufer, KVS, KAAP, deSingel
Soutiens :
Canton de Vaud, Loterie Romande, Fondation Artlink, Fondation suisse des artistes interprètes (SIS), Fondation Corymbo, Corodis
Avec le soutien de la Fondation d’entreprise Hermès