Cirque
Le Bruit des pierres
Collectif Maison Courbe
Tomber, rouler, consteller, s’effriter… Que peuvent encore nous apprendre les pierres ? Dans cette pièce, deux femmes donnent vie à ces matières minérales, témoins d’un fondement terrestre si ancien qu’elles seules peuvent encore en parler aujourd’hui. Elles incarnent un langage sensible d’équilibre et d’effondrement.
Le Bruit des Pierres met en scène deux femmes en lien intime avec la matière minérale. Elles les collectent et manipulent quel que soit leurs tailles en passant de l’ocre à l’or en questionnent notre rapport occidental à la terre. Grâce aux différentes interactions des deux interprètes avec ces minéraux, les notions de suspension, de déséquilibre et d’effondrement, ces pierres symbolisent l’instant fragile précédant la chute. Une création entre France et Brésil, portée par des résidences croisées et des artistes des deux continents. Un théâtre physique et poétique où le minéral devient langage.
Biographie
Maison Courbe est une structure collective créée en janvier 2021 pour porter les projets artistiques de Inbal Ben Haim, Léo Manipoud, Nina Harper, Domitille Martin et Kamma Rosenbeck. Jeunes artistes issus du milieu du cirque et des arts plastiques, iels se sont rencontré·e·s sur des spectacles mêlant différents langages et ont décidé·es de construire cette Maison commune pour héberger leurs projets artistiques.
Les propositions artistiques sont de nature variée et pluridisciplinaire, entre spectacle vivant, installation plastique et performances dans l’espace public, ayant comme point commun le dialogue entre le corps, la matière et l’espace.
Le collectif est heureux de se réunir régulièrement lors de créations éphémères pour des lieux atypiques. Il a participé notamment aux Journées du Patrimoine à l’Abbaye du Breuil Benoît en 2023, à la randonnée spectacle du Festival FIP 2023, ainsi qu’aux apparitions impromptues dans la ville de Grenoble organisées par le CCN2 en 2021.
L’association permet aussi le développement de médiations et d’actions culturelles et de transmission en lien avec les arts vivants et les arts visuels. Des ateliers destinés à différents publics sont menés régulièrement par les membres du collectif, en France et à l’étranger.
Iels se lient aussi par des préoccupations communes environnementales et sociétales, œuvrant à mettre en place des démarches de création, diffusion, médiation et transmission qui tentent de répondre à l’urgence de transitionner vers des modèles plus durables et égalitaires.
Les membres du Collectif Maison Courbe seront artistes associés au TMG – Grenoble pour trois ans à partir de septembre 2025.
Note d’intention
Telle l’épée de Damoclès, l’image des pierres suspendues par des fils symbolise un instant de suspension face à la menace imminente d’un effondrement. À l’intérieur de cet instant, nous souhaitons écouter les histoires que les pierres, fondements de la terre, témoins si anciens de notre société, ont à raconter. Résister, peser, tomber, durer, rouler, consteller, s’effriter… que pouvons-nous apprendre avec les pierres ?
Comment pouvons-nous frayer un chemin vers la rencontre avec d’autres espèces d’êtres vivants ?
Pour nous aider à re-créer ce dialogue, nous nous appuyons sur le récit de peuples autochtones, notamment ici des peuples amazoniens. Pour eux, le monde s’est déjà effondré lors de l’invasion coloniale, il y a cinq cents ans. Depuis, ils pratiquent une cosmopolitique entre montagnes, rivières et arbres, ainsi qu’avec des Homo sapiens pour tenir le ciel là-haut. Davi Kopenawa, chaman et leader Yanomami, fait référence à cet évènement dans son livre La chute du ciel, coécrit avec l’anthropologue français Bruce Albert. Ce texte est une forte inspiration pour l’écriture dramaturgique de la pièce.
La vie du peuple amazonien Yanomami, par exemple, a été profondément perturbée par l’invasion de l’homme blanc, qui perçoit ce qui est autour de lui comme de la marchandise. Une grande partie de leurs invasions est motivée justement par la quête de minéraux, notamment de l’or et des diamants. « Que font les blancs avec tout cet or ? Par hasard ils le mangent ? » Ces questions ont été posées par Davi Kopenawa pendant un forum sur les peuples de l’Amazonie brésilienne, en 1990, à Paris.
Dans Le Bruit des Pierres, sans moralisme ou discours coercitif, nous souhaitons mettre en dialogue ces différentes visions du monde, proposant un espace qui se co-construit à partir de la friction entre humain et cailloux, donnant à voir au travers de ces relations un tableau qui réfléchit l’état du monde. Ce tableau révèle une terre blessée dans ses fondations, où nous ne sommes plus sûrs que les choses tiennent. Sur scène, des corps humains et minéraux évoluent dans un équilibre très fragile, où tout peut chuter à n’importe quel moment.
En prolongeant cet instant suspendu, peut-être pourra-t-on, comme le propose le penseur, écrivain et militant pour la cause indigène Ailton Krenak, raconter encore une histoire pour retarder la fin du monde. De ce monde en ruine, qui ressemble aussi à un chantier, un autre monde peut naître.
Nina Harper, Domitille Martin et Ricardo Cabral
Distribution & mentions
Conception, écriture et mise en scène : Domitille Martin, Nina Harper et Ricardo Cabral
Interprétation : Nina Harper, Domitille Martin
Régisseur général et plateau : Vincent Van Tilbeurgh
Conseil dramaturgique : Tristan Garcia
Conseil artistique : Fragan Gehlker et Gaël Santisteva
Lumière : Mariesol Kim
Musique : Nova Materia (Eduardo Henriquez et Caroline Chaspoul)
Production : Collectif Maison Courbe
Co-productions et soutiens :
Le projet démarre en 2022, lauréat du programme de résidence Cruzamentos – Croisements, une initiative de Chaillot – Théâtre national de la Danse (Paris), de la MC2: Grenoble – Maison de la Culture (Grenoble) et des Alliances Françaises du Brésil, en partenariat avec la Fundição Nacional das Artes / FUNARTE, dans le cadre de La fabrique des Résidences de l’Institut Français.
Par la suite, il est soutenu par la DRAC Auvergne-Rhône-Alpes, la Ville de Grenoble et le Département de l’Isère, et co-produit par le TMG – Grenoble, Les SUBS à Lyon, Le Vellein, scènes de la CAPI – Isère, et circusnext.
Il reçoit également le soutien de l’Espace Périphérique (Ville de Paris – Parc de la Villette), du Domaine Provincial Dommelhof, du Prunier Sauvage – Grenoble, du Théâtre de Rungis, de La Cascade – Pôle National Cirque, et de La Brèche à Cherbourg – PNC Normandie.
Le Bruit des Pierres est lauréat circusnext 2024, label européen de cirque.