Programmé dans le cadre du Festival Sens Interdits, festival international de théâtre, du 13 au 30 octobre 2021
Plus d’informations www.sensinterdits.org
Quand le droit, en particulier le droit des contrats, devient un matériau artistique. Cette performance portée par dix co-autrices et co-auteurs, depuis Conakry et Grenoble, oppose leurs liens contractuels aux politiques migratoires qui tentent de les séparer.
En situation régulière, en demande d’asile ou interdits de séjour en France : depuis leurs différences de statuts, elles et ils œuvrent ensemble et font valoir un principe de co-dépendance. Nourri par des rencontres avec des professionnels de la justice, des documentaires, des archives et des témoignages, cet activisme à la fois artistique et juridique met en scène de nécessaires actes de résistance.
Création aux SUBS dans le cadre de l’appel à projet Geyser avec le Grütli, Genève
Le Bureau des dépositions est un ensemble de dix co-autrices et co-auteurs, formé en 2018 à Grenoble. À plusieurs, ils sculptent une performance « processuelle, immatérielle et infinie » qui questionne le droit et les politiques migratoires. À partir de recherches documentaires, de rencontres avec des professionnels de la justice, d’archives et de témoignages, ils créent une œuvre activiste qui lutte depuis le contentieux du droit des étrangers.
« Faire problèmes communs » : pour se donner les moyens du dissensus, de la traduction et de la transformation politique. Des performances intitulées Exercices de justice spéculative à partir de 2018 ont donné naissance à Mon natama/Sculpter le vide de la justice en 2020 ; Minen kolotiri/Contrats poursuit leur recherche de formats esthétiques opérants.
« Nous ne sommes pas que des demandeurs d’asile, mais aussi des co-auteurs, avec une œuvre en commun. Expulser l’un d’entre nous, c’est remettre en cause sa création. »
Ousmane Kouyaté, co-auteur du Bureau des dépositions
Prendre la justice comme objet, matière et scène. Pour questionner le droit depuis le droit. Pour tourner le dos au régime moral qui domine dans le traitement des questions migratoires. Ils sont dix co-autrices et co-auteurs, en situation régulière, en demande d’asile ou interdits de séjour en France : alors que les politiques migratoires tentent de les séparer, ils font valoir leur co-dépendance d’artistes-auteurs pour faire œuvre, ensemble.
Dans Minen kolotiri/Contrats, les spectateurs sont partie prenante de leur assemblée et le droit des contrats, matériau de création.
« [Le Bureau des dépositions] projette de saisir la justice contre les procédures d’expulsion qui menacent certains de ses membres, demandeurs d’asile. Avec une arme : le statut de co-auteur (…).
En mai 2019, deux mesures d’éloignement préfectorales ont mis entre parenthèses le travail artistique engagé par ces dix « auteurs-performeurs », dont la collaboration s’était scellée quatre mois plus tôt, autour d’ateliers d’écriture de lettres sur les violences des politiques migratoires.
« Nous ne sommes pas que des demandeurs d’asile, mais aussi des artistes, avec une œuvre en commun. Expulser l’un d’entre-nous, c’est remettre en cause son évolution », martèle Ousmane. »
Extraits de l’article « A Grenoble, le Bureau des dépositions ne veut plus être empêché de créer », paru dans Le Monde du 19 février 2020.
Co-auteurs et co-autrices : Mamy Kaba dit Fally Ipupa, Ousmane Kouyaté dit grand Kouyaté, Sarah Mekdjian dite Petite Cuillère, Mamadou Djoulde Balde dit Never Cry, Aliou Diallo dit Petite Citron, Laye Diakité, Marie Moreau dite Petite Pomme, Ben Bangoura, Pathé Diallo, Saâ Raphaël Moundekeno.
Coréalisation Festival Sens Interdits et les SUBS, lieu vivant d’expériences artistiques