Biographie
Martin Palisse
La découverte de la musique de phase, dite musique minimaliste, de Steve Reich et Terry Riley que lui avait fait découvrir Jérôme Thomas, est décisive dans l’orientation de son travail de composition jonglistique.
L’ensemble de l’oeuvre de Martin Palisse est dès lors intimement lié à une utilisation presque radicale de la musique (qu’elle soit minimaliste, post-rock, électronique) comme support premier de son discours jonglistique, énergique, rigoureux, souvent épuré mais malgré tout très émotionnel. La musique est très souvent jouée en direct lors des représentations ou performances, notamment avec le musicien Cosmic Neman avec lequel Martin Palisse collabore étroitement. Dans ses spectacles, Martin Palisse affronte les structures musicales avec sa pratique du jonglage.
Né en 1981, il n’a jamais aimé l’école et découvre le jonglage à l’âge de 17 ans, c’est une révélation pour lui et il décide de quitter l’école. C’est avec Jérôme Thomas, son maître d’art, qu’il découvre la discipline de la jonglerie dès 2001. Grace à lui il aura également accès à l’enseignement de la jongleuse russe Nadejda Aschvits, du jongleur finlandais Maksim Komaro et du danseur Hervé Diasnas.
En 2002 il fonde avec Elsa Guérin le Cirque Bang Bang et oeuvre avec elle à la création de spectacles jusqu’en 2015. Sous l’oeil exercé de
Phia Ménard, Ils créent Dans Quel Sens ? qu’ils
joueront jusqu’en 2005, année où ils seront invités au Japon pour se produire à la Triennale
Internationale d’Art Contemporain de Yokohama.
En 2006 ils entament définitivement un virage vers le Cirque en conceptualisant leur propre chapiteau dans lequel ils créeront Une Nuit sur Terre avec le musicien et compositeur Manu Deligne et la complicité de Johanny Bert à la mise en scène. Suivront deux autres pièces Body no Body (2009) et Somebody (2010).En 2011, ils créent le spectacle POST et une digression, Blind/Action, spectacles qui marquent l’art de la jonglerie. Ils signent pour ces deux oeuvres et les suivantes la mise en scène et la scénographie.
Martin Palisse devient le premier artiste nommé à la direction d’un Pôle National Cirque en janvier 2014. Dès lors son rapport temporel à la création se modifie. Il entame une réflexion sur la dualité metteur en scène/interprète dans le cirque contemporain.
Cette même année il sera invité à collaborer auprès de Jérôme Thomas pour la mise en scène du spectacle Over the Cloud, de la 26ème promotion du Centre National des Arts du Cirque.
Il créera également une courte performance avec Elsa Guérin, Still life.
En 2015 il rencontre le groupe de musique français Zombie Zombie et les invite pour la création de Slow futur au festival Mettre en Scène du Théâtre National de Bretagne. En 2016, il crée avec Halory Goerger et Cosmic Neman (moitié du duo Zombie Zombie) Il est trop tôt pour un titre au Festival d’Avignon dans le cadre des Sujets à Vif ; et met en scène Hip 127 la constellation des cigognes à l’Opéra de Limoges, spectacle d’après l’oeuvre jonglistique de Jérôme Thomas sur une composition originale de Roland Auzet dirigée par le chef d’orchestre Daniel Kawka.
En 2017, répondant à une commande, il met en scène et chorégraphie Entre Ciel et Terre, pièce pour quatre jongleurs sur le répertoire musical de Percu-temps de l’ensemble musical contemporain Ars Nova et accompagne Jean Lambert-Wild, metteur en scène, acteur et directeur du Théâtre de l’Union (CDN de Limoges) dans la création d’une calenture intitulée Le Clown du Rocher.
En 2019, il créé le spectacle Futuro Antico avec Cosmic Neman, mis en scène par Halory Goerger.
En 2021, il crée avec le metteur en scène David Gauchard Time to Tell, un portrait puissant et intime toujours en tournée.
En 2023, il met en scène avec la 36e promotion des étudiant·es du CNAC une performance avec la musicienne compositrice et DJ Chloé Thévenin dans le cadre des Écritures Croisées du Centre National des Arts du Cirque.
Résidence — Commencer à exister
Time To Tell est la première pièce d’une série de trois spectacles formalisant une recherche autour des HÉRITAGES.
La rencontre avec David Gauchard m’a permis d’aboutir formellement ma quête d’un cirque-théâtre. Ici, l’écriture noue la parole autobiographique de l’acteur à l’engagement physique de l’artiste de cirque.
C’est l’aboutissement d’une recherche entamée il y a 20 ans. Une recherche entre le cirque et le théâtre permettant à l’abstraction du jonglage de signifier. C’est-à-dire écrire des spectacles qui relève de ce que j’appellerais une image-texte, c’est-à-dire une image mentale qui apparaît dans l’espace entre le texte et l’image. C’est l’interaction entre les deux et ce que cela produit mentalement qui me passionne et reste ma quête.
Je crois que mon objet c’est juste être-là. Comme le Dasein de Heidegger. Être au monde et tenter de représenter cette expérience.
On peut dire que c’est une confrontation avec le réel.
Dans ce travail de l’Image-Texte, il y a donc un processus de façonnage du texte d’une part et de l’image de l’autre part.
Pour chacun d’eux, je m’attache donc à mon objet d’être-là.
C’est ainsi que la matière textuelle utilisée pour l’écriture trouve sa source dans le réel de chacun des acteurs, et que donc la matière théâtrale relève du documentaire et/ou de l’autobiographie. Il s’agit d’une plongée dans le vécu pour arriver à être-là.
Quant à la matière physique, au cirque, j’emprunte la voix d’actes performatifs intenses, un cirque du less is more, l’acte de l’acrobatie dans toute son urgence du réel.
L’écriture est donc un savant entrelacement entre la matière textuelle et la matière physique, chacune de ces deux sources étant une
ré-activation du passé enfoui chez les acteurs/performers.
Dire une chose intime et réaliser un acte physique dans l’urgence entraîne deux états émotionnels distincts chez l’acteur/performer, c’est leur combinaison qui à mon sens nous amène à simplement être-là.