Biographie
Claudine Simon, artiste sonore et pianiste, vit à Lyon.
Formée au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris. Elle développe aujourd’hui des projets à la frontière de plusieurs domaines : entre création sonore, visuelle, théâtre et mouvement, qui revisitent le piano, son imaginaire.
En 2021, elle crée « Pianomachine » solo chorégraphié avec un piano hybridé par des machines, puis « Anatomia » en 2023, (création au festival Musica à Strasbourg), récital Lisztien qui devient théâtre anatomique.
Elle créera en 2025 « Un pays supplémentaire », forme jeune et tout public entre l’installation plastique et le théâtre sonore.
Elle est lauréate de l’appel Mondes Nouveaux, l’aide à l’écriture de la Fondation Beaumarchais-SACD, reçoit des commandes des CNCM (GMEM, Césaré, Ici l’Onde). Ses créations sont diffusées aux Bouffes du Nord, à la Philharmonie de Paris, à la Criée, dans les Scènes Nationales et pluridisciplinaires.
Claudine Simon is a sound artist and pianist living in Lyon.
She trained at the Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse in Paris. Today, she is developing projects that straddle a number of fields: between sound and visual creation, theatre and movement, revisiting the piano and its imaginary world.
In 2021, she created ‘Pianomachine’, a choreographed solo with a piano hybridised by machines, followed by ‘Anatomia’ in 2023 (premiered at the Musica festival in Strasbourg), a Lisztian recital that becomes anatomical theatre.
In 2025 she will create « Un pays supplémentaire », a form for the young ans general public that is somewhere between a visual installation and sound theatre.
She has received support from the Mondes Nouveaux call for projects and writing grants from the Fondation Beaumarchais-SACD, as well as commissions from the CNCM (GMEM, Césaré, Ici l’Onde). Her work is performed at Les Bouffes du Nord, la Philharmonie de Paris, La Criée, Scènes Nationales and multidisciplinary scenes.
Résidence — Concerto n 2
D’un côté un souvenir d’enfance, de l’autre un piano démembré.
D’un côté le souvenir d’une écoute et des traces qu’elle a laissées sur soi, de l’autre un instrument devenu dispositif à jouer et à écouter autrement.
Deux manières de mettre l’œuvre à distance, d’oublier ce qu’elle charrie d’images, d’histoires et de jugements à l’emporte-pièce.
L’œuvre est le Concerto pour piano n°2, op. 18 de Sergueï Rachmaninov.
Le souvenir est le mien.
D’un côté un souvenir d’enfance, de l’autre un piano démembré.
D’un côté le souvenir d’une écoute et des traces qu’elle a laissées sur soi, de l’autre un instrument devenu dispositif à jouer et à écouter autrement.
Deux manières de mettre l’œuvre à distance, d’oublier ce qu’elle charrie d’images, d’histoires et de jugements à l’emporte-pièce.
L’œuvre est le Concerto pour piano n°2, op. 18 de Sergueï Rachmaninov.
Le souvenir est le mien.
J’avais dix ans. Je faisais les courses avec mon père dans le supermarché local. Je ne me souviens plus exactement comment ça s’est passé. Tout ce que je sais, c’est qu’à un certain moment, je glissai un disque dans le caddie. Un disque de piano. Je prenais des cours, donc l’instrument m’intéressait. Ce disque s’est retrouvé dans ma main puis dans le caddie. Mon père l’a acheté sans rien dire. C’était le Concerto pour piano n°2 par Vladimir Ashkenazy.
Je ne saurais dire aujourd’hui ce que j’ai ressenti en l’écoutant la première fois, tant je l’ai écouté et réécouté par la suite, tous les jours, certains passages, le crescendo du premier mouvement, des dizaines de fois, en boucle, le plaisir de ce climax indéfiniment répété, sa mélancolie indéfiniment rejouée. C’est comme si j’avais baigné dans le Concerto une année entière…
A childhood memory on one hand, a dismembered piano on the other.
On one side, the reminiscence of listening to a musical piece for the first time and the traces it has left on oneself, on the other an extended instrument that has become a device of its own kind, setting new modalities for playing and listening.
Two ways of pushing the piece in the distance and disregarding the images, stories and cutting assertions it has entailed.
The piece is the Piano Concerto nº2, op. 18 by Serguei Rachmaninoff.
The memory is mine.
One day, at the age of ten, I was shopping with my dad in the local supermarket. I can’t remember exactly how it happened, but I know that at some point, I put a CD in the shopping cart. It was a piano record. I had been taking lessons, so this instrument was interesting to me. Unknowingly, this record found its way in my hands and then in the shopping cart. My dad bought it for me without saying a word. It was the Piano Concerto nº2 played by Vladimir Ashkenazy.
I couldn’t say now what I felt back then when I listened to it for the first time, for the good reason that I listened to it many times after that, every day, certain sections, like the crescendo in the first movement, dozens of times, over and over again, I loved this climax indefinitely repeated, its melancholy indefinitely replayed. It was as if I bathed in the Concerto for an entire year.