Afro-féministe et militante queer, Rébecca Chaillon aborde en mode choc frontal les discriminations systémiques – principalement le sexisme et le racisme. Diatribes scéniques et brûlots polémiques nourrissent une énergie théâtrale hors-norme.
Après Dépressions, créé aux SUBS en mai 2021, Rébecca Chaillon rend un hommage malfaisant à la publicité des années 90 avec Carte noire nommée désir, spectacle performatif qui explore la construction du désir suscité chez les femmes noires. Sur le plateau, sept femmes se rencontrent et soulèvent des problématiques brûlantes de notre société autour de leur couleur de peau. Tantôt objets sauvages et sexuels, tantôt étranges et fascinantes, ces femmes intriguent et mettent en lumière les paradoxes multiples qu’elles provoquent. Dans une performance radicale, mêlant paysage composé de matières glacées comestibles et textes corrosifs, Rébecca Chaillon nous bouscule et déploie l’artillerie lourde pour désoccidentaliser les pensées.
Le spectacle contient des scènes de nu. Il est interdit de prendre des photos et vidéos pendant la représentation et pendant les répétitions .
Carte Noire nommée Désir commence par une blague en forme de point d’interrogation sur les boissons chaudes, le colorisme et le colonialisme. Elle devient la fabrication d’une communauté sur scène entamant un voyage initiatique poétique de réappropriation de leur Histoire de femmes noires dans un pays qui n’est pas décolonisé de ses imaginaires. Ensemble, les huit interprètes multiples mais unifiées, se transforment sans cesse, elles sont des Alices trop souvent inadaptées au monde et glissent dans un long tunnel avec à chaque bout, leur affreux-passé et leur afro- futur. Le temps y est distordu, interminable et insaisissable.
Elles interrogent l’hypersexualisation et l’exotisation de leurs corps, elles interrogent leur aliénation à la blanchité et l’histoire coloniale, elles interrogent leur visibilité et leur invisibilité en France et bordures, elles interrogent les modèles avec lesquelles elles grandissent, elles interrogent leur communauté noire sur le besoin de respectabilité et les secrets de famille qui brouillent toutes perspectives de projection. C’est une tentative d’œuvre performative d’empuissancement qui n’épargne ni les oreilles ni les yeux.
D’origine martiniquaise, Rébecca Chaillon passe son enfance et son adolescence en Picardie. Elle rejoint Paris pour des études d’arts du spectacle et le conservatoire du XXème arrondissement de Paris.
De 2005 à 2017 elle travaille au sein de la compagnie de débat théâtral Entrées de jeu dirigée par Bernard Grosjean et dans sa propre structure : La compagnie Dans le Ventre qu’elle fonde en 2006.
Sa rencontre avec Rodrigo Garcia lui confirme son envie d’écrire pour la scène performative, d’y mettre en jeu sa pratique de l’auto-maquillage artistique enseignée par Florence Chantriaux et sa fascination pour la nourriture. Elle écrit alors un seule-en-scène L’Estomac dans la peau (texte lauréat CNT/ARCENA dans la catégorie Dramaturgies Plurielles en 2012) ainsi que de courtes formes performatives, programmés dans de nombreux festival de performances mais aussi dans des lieux de diffusions tels que La Ferme du Buisson et la Scène Nationale d’Orléans. Sa création suivante Monstres d’amour (je vais te donner une bonne raison de crier) est un duo avec sa collaboratrice principale Elisa Monteil, autour du cannibalisme amoureux et d’Issei Sagawa.
En 2016, Rébecca participe aux films documentaires sur les performers pro- sex d’Emilie Jouvet My body my rules, et Ouvrir la Voix d’Amandine Gay sur les femmes afro-descendantes. Elle débute aussi sur les écrans avec un rôle récurrent pour une série produite par OCS, Les Grands, réalisée par Vianey Lebasque.
Rébecca Chaillon écrit les textes,danse et performe dans la création de Delavallet Bidiefono : Monstres/On ne danse pas pour rien et travaille avec Yann Da Costa dans Loveless, avec Gianni Gregory Fornet dans Oratoria Vigilant Animal, Anne Contensou pour Elle/ Ulysse, Arnaud Troalic dans Polis.
Son dernier spectacle autour du football féminin et des discriminations, Où la chèvre est attachée, il faut qu’elle broute, a été crée en novembre 2018 à la Ferme du Buisson, et représenté notamment aux CDN de Rouen, de Dijon, de Montreuil et à la Scène Nationale d’Orléans.
En 2019, elle conçoit et interprète avec Pierre Guillois le spectacle Sa bouche ne connaît pas de dimanche – fable sanguine, dans le cadre de l’édition 2019 de Vive le sujet (festival d’Avignon/SACD).
En 2020, Rébecca devient artiste associée au Théâtre de la Manufacture – CDN de Nancy.
Texte et mise en scène : Rébecca Chaillon
Avec : Bebe Melkor-Kadior, Estelle Borel, Rébecca Chaillon, Aurore Déon, Maëva Husband en alternance avec Olivia Mabounga, Ophélie Mac, Makeda Monnet, Fatou Siby
Dramaturgie : Céline Champinot
Assistanat à la mise en scène : Olivia Mabounga et Jojo Armaing
Scénographie : Camille Riquier et Shehrazad Dermé
Création & régie sonore : Elisa Monteil et Issa Gouchène
Régie générale & plateau : Suzanne Péchenart
Création & régie lumière : Myriam Adjalle
Construction : Samuel Chenier et Baptiste Odet
Collaborations artistiques : Aurore Déon, Suzanne Péchenart
Production / Développement : L’Oeil Ecoute – Mara Teboul & Elise Bernard
Photographe : Sophie Madigand
Coproduction
Coproduction et accueil en résidence La Manufacture – CDN Nancy Lorraine
Le Carreau du Temple, Établissement culturel et sportif de la Ville de Paris /
Le Maillon – Théâtre de Strasbourg scène européenne /
La Scène Nationale d’Orléans /
Le Fond de Dotation Porosus /
Le Fond Transfabrik – Fond franco-allemand pour le spectacle vivant /
Le Nordwind Festival /
Maison de la Culture d’Amiens – Scène nationale /
L’Aire libre – Centre de Production des Paroles contemporaines, Rennes /
La Ferme du Buisson – Scène nationale de Marne-la-Vallée /
CDN de Normandie – Rouen
Le Théâtre Dijon-Bourgogne CDN
La Rose des Vents La rose des vents, Scène nationale Lille Métropole, Villeneuve d’Ascq
Coproduction le phénix scène nationale Pôle européen de création dans le cadre du Campus partagé Amiens – Valenciennes,
Théâtre Sorano
Ce spectacle est programmé dans le cadre du nomadisme de La rose des vents, Scène nationale Lille Métropole, Villeneuve d’Ascq / maison Folie Wazemmes, Lille
Soutiens
Les SUBS à Lyon et le Générateur – lieu d’art et de performances / La Loge à Paris / Kampnagel Fabrik – Hambourg /
Dans les parages – LA ZOUZE Cie Christophe Haleb, Marseille /
Avec la participation artistique de l’ENSATT
Avec le soutien du Fonds d’Insertion pour Jeunes Comédiens de l’ESAD – PSPBB
Avec le soutien de la DRAC Hauts-de France et de la Région Hauts-de-France
La Cie Dans le Ventre / Rébecca Chaillon est artiste associée au Théâtre de la Manufacture – CDN de Nancy.
Rébecca Chaillon est représentée par L’ARCHE – agence théâtrale.