Deux superhéros de la performance célèbrent le plaisir d’être ensemble sur scène avec des explosions comiques qui ravivent la flamme de toutes les utopies. Quand le rire le plus potache déclenche les réflexions existentielles les plus abyssales.
«Arrêtons de croire qu’on va sauver le monde. Sauvons le monde.»
En Écosse, au XIVe siècle, ils disaient makers pour dire poètes, c’est-à-dire «ceux qui font». Cette traduction donne à Oscar Gómez Mata et Juan Loriente des raisons d’y croire et de se mettre au travail. Sollicitant leurs âmes d’enfant, celle qui déborde, celle qui étonne et qui maintient allumée la flamme de l’utopie, les deux adeptes de la réalité version «face B» et de la pensée libre partent en quête de leur point d’équilibre.
À lire : interview Makers dans Le Petit Bulletin
… il avait entendu des histoires compliquées, qu’il a reçues comme il a reçu la réalité, sans se demander si elles étaient vraies ou fausses.
Jorge-Luis Borges. El Hacedor
À la fin de l’été 2018, j’ai reçu la proposition de travailler au Azkuna Zentroa Alhóndiga de Bilbao pendant deux ans en tant qu’artiste associé. À l’occasion d’un de mes premiers voyages à Bilbao, j’ai contacté Juan Loriente afin de lui proposer de travailler ensemble. Juan est un grand professionnel de la scène contemporaine espagnole et européenne et un ami depuis quelques décennies. Mon envie de rejouer, d’être sur scène, s’est nourrie de l’excitation de partager ce moment avec Juan que j’admire et respecte. Juan et moi sommes deux personnes, deux créateurs et poètes en scène, deux acteurs qui aimons jouer et conter. Nous penser tous les deux sur scène, c’est recevoir la réalité comme un mystère. Notre manière de jouer devra être un mélange entre étonnement et innocence, quelque chose que l’on pourra associer à l’enfance, quelque chose qui transcende la simple intelligence.Un travail sur la réalité et sa face B, le rêve, et plus concrètement sur l’idée qu’on se fait de la vérité. Nous serons deux détectives du «réel»: quelle est la part de réel et quelle est la part de rêve. Il s’agit de penser l’idée de vérité comme une idée politique pour la construction de la réalité à venir. Le vieux rêve de construire la réalité en faisant la lumière. Faire la lumière c’est faire le temps, faire l’amour. Faiseurs de lumière, de temps et d’amour. Le maker est un poète. La poésie est ce qui nous sauve, c’est ce que tu sens et que tu ne peux expliquer, ce qui va plus loin que la raison. Le projet prend comme point de départ l’histoire d’Agustín Fernández Mallo « El Hacedor », un remake du texte « El Hacedor » de J.L.Borges, dans lequel les sujets sont la réalité et le temps qui prend forme dans le lumière. Le théâtre, c’est ça: toujours réel, toujours vrai, et à la fois tout et son contraire. Le temps est la clé ultime qui définit la qualité de ce qui est partagé, et à la fin de tout, ce qui est laissé est un acte d’amour, c’est-à-dire ne pas oublier de faire la lumière.
Metteur en scène et comédien, mais aussi auteur et scénographe, Oscar Gómez Mata débute ses activités théâtrales en Espagne où, en 1987, il est cofondateur de la Compagnie Legaleón -T, avec laquelle il crée un bon nombre de spectacles jusqu’en 1996.
Il crée à Genève en 1997 la Compagnie L’Alakran, dont il est le directeur artistique et pour laquelle il signe les mises en scènes, la conception et la dramaturgie ou les textes. Il joue également dans certaines de ces créations qui sont coproduites par des théâtres suisses et étrangers et qui tournent sur les scènes de France, d’Espagne, d’Italie, du Portugal et d’Amérique Latine. Oscar Gómez Mata intervient également en tant que formateur et pédagogue, notamment, à l’école Serge Martin, dans le cadre des Chantiers nomades (structure de formation continue pour professionnels du spectacle), ainsi que pour le Master en pratique scénique et culture visuelle organisé par l’Université de Alcalá (Madrid) ou les rencontres professionnelles de danse. Il est intervenant régulier à la Manufacture – Haute École des arts de la scène, Lausanne depuis 2013. Il reçoit le prix du Théâtre Suisse en 2018. Il est également artiste associé à Azkuna Zentroa de Bilbao pour les années 2019-2020.
Comédien, Juan Loriente débute ses activités théâtrales en Espagne auprès du metteur en scène argentin Rodrigo Gar- cia qu’il suivra de nombreuses années, 1999-2019, avec plus d’une vingtaine de spectacle à l’affiche.
Il a aussi travaillé avec de prestigieux artistes comme La Fura dels Baus, Carlos Marquerie, Fernando Rubio et La Ribot.
Il a participé à des projets d’arts plastiques avec Ansótegui- Ana Loriente, de vidéo-danse avec Elena Córdoba et Rodrigo García, de vidéo-création avec Ion Munduate et d’installation vidéo avec Rodrigo García.
Il a participé à des films réalisés par le duo Julio Wallovits/ Roger Gual, ainsi que par Pablo Llorca et Joan Miramon.
Il a dirigé des projets radio, des recherches théâtrales, des spectacles et des ateliers dans des centres de formation pé- dagogique.
Conception et Mise en scène : Oscar Gómez Mata
Textes : Agustín Fernández Mallo, Rodrigo García et Oscar Gómez Mata
Traduction : Joelle Bélard Ruchonnet
Jeu : Juan Loriente et Oscar Gómez Mata
Collaboration artistique : Delphine Rosay
Assistance à la mise en scène : (Bourse de compagnonnage Lausanne / Vaud) Floriane Mésenge
Création lumières : Leo Garcia
Scénographie : Vanessa Vicente
Costumes : Doria Gomez Rosay
Création son : Ayneric Demay
Production et administration : Aymeric Demay
Diffusion : Compagnie L’Alakran et Carlota Guivernau
Photographe : DR
Coproduction : Le Théâtre de Saint-Gervais, Genève et le Centre Azkuna Alhóndiga, Bilbao, le TPR, La Chaux de Fonds et l’Arsenic – Lausanne.
Soutiens : Pro Helvetia – fondation suisse pour la culture, Loterie Romande, Fondation Ernst Göhner, Corodis
L’Alakran est au bénéfice d’un contrat de soutien conjoint avec la République et Canton de Genève, la Ville de Genève et la Fondation Arc en Scènes (2019-2021)
Oscar Gómez Mata est artiste en résidence à Azkuna Zentroa de Bilbao (2019-2022).