« De l’homme à l’homme vrai, le chemin passe par l’homme fou. »
Michel Foucault
Acte II – « K » se tient dans une institution de soins fantasque, entre le sanatorium, la maison de repos et la prison. Là, entre les séances de groupe, l’isolement des cellules et les rendez-vous chez le kiné, des êtres se débattent avec leurs camisoles, leurs traitements, leurs souvenirs et leurs fêlures.
Leurs techniques de résistance sont des plus étranges. Ils dansent avec leurs camisoles, ils se vident par tous les trous, ils martèlent l’air de coups de poing et de cris dans un assaut don quichottesque. Leurs cris de révolte ne sont jamais tout à fait conscients, comme des lapsus ou des débordements du corps.
Au croisement du cirque, de la musique et du théâtre, à travers différentes histoires parfois sans liens, nous voulons étudier des gestes de recomposition. Des gestes de gens cassés, contraints, affaiblis ou malmenés, qui cherchent à reprendre possession d’eux-mêmes. Que leurs chaînes soient physiques ou spirituelles, ils s’inventeront des danses pour dépasser ce qui les contraint, des danses de fous, des danses déréglées de machines brisées.
A la manière de Kafka et de son “objectivité extrêmement bizarre”, nous voulons représenter un environnement de répression, du point de vue des personnages, peints à l’aune des émotions colossales qui les traversent. Ainsi une banale humiliation peut prendre des allures de cataclysme, la moindre petite danse des allures de reconquête héroïque du corps.
Nous aimons l’idée de mettre en tension des faits prosaïques, ordinaires, voire triviaux avec l’onirisme le plus débridé. Nous voulons que la magie et l’absurde traversent de toute part les récits simples de nos personnages, et qu’à force ils finissent par se transformer en poèmes ou en paraboles. Nous voulons que des actions banales comme faire sa toilette, déféquer, prendre sa voiture pour aller au travail… deviennent des moments saturés de métaphysique et d’enjeux vitaux.