Bureau des dépositions

Depuis février 2018, dix co-autrices et co-auteurs créent ensemble à Grenoble des œuvres immatérielles depuis le contexte du contentieux de masse du droit des étrangers, produit par les politiques migratoires.
Au contentieux du droit des étrangers qui cherche à éloigner, transférer, expulser hors du territoire français plusieurs d’entre nous, nous opposons nos œuvres performatives et immatérielles : c’est-à-dire nos co-présences. Nous opposons à l’exclusion du droit de séjour et du droit d’asile, le statut d’auteur, légalement reconnu, y compris pour celles et ceux dites sans-papiers. Ensemble, nous écrivons des lettres de déposition sur le droit, sur les violences vécues, en tant qu’archives vivantes d’un procès manquant. Nous les signons en nos noms. Nous les débattons à plusieurs, et les adressons, en public, à un vide de la justice. Le public est invité à écouter ces dépositions et à constater avec nous les absences de certains co-auteurs.

Par ailleurs, avec Maitre Laurence Greig, avocate au barreau de Paris, nous travaillons à une requête juridique non-fictionnelle contre la Préfecture de Grenoble pour atteinte à intégrité de nos œuvres et entrave à notre liberté de création (LOI n° 2016-925 du 7 juillet 2016 relative à la liberté de création). Les arrêtés d’expulsion et de transfert nous empêchent de créer et d’activer nos œuvres. Nous opposons le droit au droit : le droit d’auteur et la liberté de création aux droits des étrangers et d’asile. Ce travail s’inspire, en complicité, de la pièce X. et Y. c/Préfet de… Plaidoirie pour une jurisprudence, créée en 2007 aux Laboratoires d’Aubervilliers par Olive Martin et Patrick Bernier, artistes, Sylvia Preuss-Laussinotte et Sébastien Canevet, avocat.e.s.

Au vide la justice institutionnelle, Bureau des dépositions fait excéder une justice en actes.